Description du projet
Dans le monde de l’hypocrisie, le dernier épisode en date est de parler de l’agression sexuelle commise dans un bus de Casablanca par cinq jeunes sur une jeune femme, en affirmant que c’est un viol, mais en prenant des airs outragés pour refuser de diffuser la vidéo. Voici cette vidéo, et il n’y a aucun problème pour la publier car la victime n’est pas identifiable.
En revanche, ce qui est identifiable, c’est la scène d’une agression sexuelle, c’est-à-dire la violence de cinq jeunes à l’égard d’une jeune femme, dont on nous dit aussitôt qu’il est déficiente mentale. Vu le comportement de ces jeunes à l’égard d’une femme, j’ai plutôt l’impression que ce sont les cinq agresseurs qui sont des déficients mentaux, mais je vois que les clichés sexistes s’allient décidément très bien aux clichés psychiatriques.
Comme ce que l’on voit est dégueulasse, on affirme de partout que c’est un viol, pour jouer les outragés absolus, et interdire de voir. Stop. Ces phraseurs impénitents nous saoulent de mots pour cacher la réalité, et qu’ils dégagent ! Cette scène violente est celle d’une agression sexuelle, d’un attentat à la pudeur, mais pas d’un viol, parce que pour qu’il y ait viol il faut un acte de pénétration.
L’infraction est prévue par l’article 486 du code pénal marocain :
« Le viol est l’acte par lequel un homme a des relations sexuelles avec une femme contre le gré de celle-ci. Il est puni de la réclusion de cinq à dix ans.
« Toutefois si le viol a été commis sur la personne d’une mineure de moins de dix-huit ans, d’une incapable, d’une handicapée, d’une personne connue par ses facultés mentales faibles, ou d’une femme enceinte, la peine est la réclusion de dix à vingt ans ».
C’est dire qu’une femme violée vit ce que vous voyez sur la vidéo, plus l’acte de pénétration, ce qui est une horreur absolue et justifie la qualification de crime. Je m’insurge contre ces lectures fallacieuses de l’agression sexuelle, qui visent seulement à nous éloigner de la réalité de ce qu’est la violence du crime sexuel. Parler du crime pour aider à ne pas voir la violence du crime. Car si nos sociétés admettaient réellement ce qu’est le viol, nous ne serions pas en train de patauger dans cette arriération.
Ensuite, il est hors de question de suivre la propagande marocaine sur le thème : « les violeurs ont été arrêtés, et seront jugés. Point à la ligne ». La vidéo date de trois mois, et en trois mois il ne s’était rien passé. La réalité sociologique et juridique de la violence contre les femmes au Maroc est telle que cette victime n’avait même pas osé déposer plainte. Cette réalité est telle que ni le conducteur du bus, ni aucun passager n’avait saisi la police d’une plainte. C’est la vidéo qui a relancé l’affaire, et qui a conduit l’arrestation des agresseurs en 24 heures. S’il y a une vidéo, la police marocaine arrête les agresseurs, mais il n’y a pas de vidéo, c’est tant pis. Il faut donc souhaiter que tous les agresseurs filment la scène du crime, faute de quoi restera l’impunité. C’est consternant.
Enfin, les cinq jeunes qui ont fait cela sont de jolis salopards, et il faut souhaiter qu’ils trouvent une réponse judiciaire adaptée. Mais qui peut soutenir un instant que ces petits freluquets, tous mineurs, sont les seuls responsables, et que la perversité de leur esprit ne doit rien à la société ? On condamne les enfants, et la société devient quitte ? C’est la société marocaine qui est malade. Elle ne l’est pas globalement, car la grande majorité se tient dans le respect des principes éducatifs, religieux et juridiques, mais la vidéo montre avec une décontraction totale la réalité d’une société malade capable de produire de tels délinquants sexuels. Les autorités marocaines peuvent continuer de se mentir, et de mentir au peuple avec de jolis discours. Oki, mais on parle de quoi ? Et la France, qui voit toujours le Maroc comme sa dernière colonie, ne fera rien contre notre ami le roi. Rien de rien.
Si vous vous intéressez à l’actualité marocaine, je ne saurais que trop vous conseiller la lecture de Tel Quel, qui fait un vrai travail journalistique au Maroc, et qui vient de publier un article sur ce sujet.
Dernière remarque : si de tels faits avaient eu lieu en Algérie ou au Venezuela, toute la chaîne info serait saturée.